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Comment et pourquoi changer de carrière ? alexandra bauchart 29 juillet 2022

Comment et pourquoi changer de carrière ?

Dans le contexte incertain que nous traversons, il peut être tentant de changer de métier. Du télétravail aux horaires modifiés, en passant par le respect des gestes barrières, les contraintes sanitaires nous ont forcé à nous adapter à de nouveaux cadres de travail. Les motifs de souffrance sont nombreux, qu’ils soient physiques ou psychologiques. Pour ceux d’entre nous qui cherchent un emploi, la situation s’est aussi dégradée : les opportunités de travail dans son domaine se sont aussi réduites. Dans tous les cas, pourquoi ne pas chercher de nouveaux horizons professionnels ?

Mais quelle reconversion professionnelle choisir ? Quand et surtout pour quoi changer de carrière ? Y a-t-il des métiers d’avenir ? Comment changer à 40 ans, à 50 ans… ? Quels sont les métiers d’avenir sans diplôme, dans le bâtiment, en informatique…? 

Est-ce que je peux changer de métier du jour au lendemain ?

Oui ! Ce n’est pas de la naïveté ou de l’enthousiasme exagéré de notre part de le dire : très concrètement, rien n’empêche personne de changer soudainement l’intitulé d’un CV, de répondre à des offres d’emploi très éloignées de son domaine initial, ou d’adopter un statut d’auto-entrepreneur sur un coup de tête. En fait, la bonne question n’est pas de savoir s’il est possible de changer de carrière, mais plutôt de savoir quels possibles s’ouvrent à moi. Il est nécessaire de comprendre quelles compétences nous avons, et quelles compétences nous sommes prêts à apprendre. Si certaines compétences nécessitent bien sûr un certain temps ou niveau de formation, certaines sont des acquis plus simples que nous sous-estimons, et d’autres encore sont simplement liées au contexte du métier. Nous reviendrons plus loin sur cette distinction qui permet d’éviter de nous fermer des portes ! Après tout, beaucoup de métiers nous sont inconnus, parce qu’on n’en entend pas parler tous les jours, mais aussi parce qu’ils ne sont pas toujours très valorisés socialement. Du coup, beaucoup de ces métiers invisibles sont aussi ceux qui ont le plus de mal à recruter. C’est par exemple le cas des métiers liés à la propreté, à l’assainissement, du BTP, ou du maintien à domicile. Ces difficultés de recrutement peuvent aussi être liées au manque d’accompagnement vers la formation ou d’aide à la reconversion. C’est notamment le cas des métiers du maintien à domicile, qui manquent encore beaucoup de reconnaissance malgré leur rôle primordial durant cette crise sanitaire.

Bien sûr, il faut prendre le temps de la réflexion pour mesurer ses envies et ses capacités d’adaptation, car ces métiers sont exigeants et peu valorisés. Mais c’est pour cela qu’il est aussi plus simple d’y trouver du travail. En répondant dans ces  secteurs en manque de candidats, il est littéralement possible de changer de métier du jour au lendemain.

Mais la disponibilité des postes n’est pas le seul avantage de ces métiers. À l’heure où la question de la recherche du sens au travail se fait de plus en plus importante, se reconvertir dans un métier ancré dans le réel peut être une réponse pertinente. Les métiers du soin à la personne ou de l’entretien ne sont peut-être pas très représentés médiatiquement, mais le gain apporté aux personnes en difficulté et à la qualité de vie dans la société se mesure très concrètement et peut être très gratifiant.

Dans d’autres domaines, on peut trouver des métiers liés à l’innovation et dont les entreprises sont en constante recherche. C’est notamment le cas des métiers liés aux technologies de l’information : on pense d’abord aux développeurs, éventuellement aux administrateurs réseaux et quelques autres profils tournés vers l’informatique ; mais saviez-vous que le tout nouveau réseau 5G, cette nouvelle norme téléphonique de réseau à très haut débit en cours de mise en place par les opérateurs téléphoniques, permet le pilotage automatisé et à distance d’usines entières ? Évidemment, ces nouvelles possibilités doivent être accompagnées de compétences techniques pointues, mais l’offre de formation est aussi large que ses besoins d’embauche sont importants. Plus généralement, l’industrie est aussi en nécessité constante d’embauche, et les formations y sont nombreuses et accessibles – c’est par exemple le cas du BTS électrotechnique. Si les métiers de la maintenance et du conseil technique vous tentent, cela peut valoir le coup de passer par une formation de deux ans, avec de nombreuses offres d’emploi et de belles perspectives de rémunération à la clé ! 

Si l’électronique n’est pas vraiment votre tasse de thé, les métiers liés à la transition écologique sont en plein développement, avec des évolutions dans les compétences mises en oeuvre, liées aux innovations technologiques et d’usages. Bon exemple, l’agriculture, avec les techniques dites d’urban farming ou “agriculture urbaine” en français vise à produire une culture adaptée au milieu urbain. Ces méthodes de production novatrices sont promises à un bel avenir et permettent de concilier le lien avec la nature aux avantages de la ville. Elles se combinent aux innovations du secteur de la construction en adéquation (comme les bâtiments hybrides par exemple) avec les nouvelles normes environnementales. Ces domaines assez spécifiques sont cependant encore en développement : aussi, il sera préférable de les envisager plutôt dans un projet de reconversion à moyen ou long terme seulement.

En parlant d’agriculture, le secteur de l’environnement au sens plus large offre aussi de belles carrières et pourquoi pas des perspectives de reconversion. Depuis l’adoption il y a six ans de la loi de transition énergétique pour la croissance verte, d’importants chantiers de démantèlement du nucléaire ont été lancés et nécessiteront de nombreux techniciens et ingénieurs motivés pour les cinquante prochaines années ! Si l’énergie vous intéresse, le développement des alternatives comme le photovoltaïque ou les énergies durables pourrait aussi en intéresser plus d’un, quel que soit les connaissances actuelles grâce à des formations allant du simple BTS au Master.

Si ces différents secteurs ne vous attirent pas particulièrement, essayez plutôt d’y penser en termes de compétences : il est tout à fait possible que des compétences profondes que vous utilisez au quotidien dans votre métier soient tout à fait utiles dans un secteur tout à fait différent. Lire, écrire, conduire ou être à l’aise en informatique font partie de ces compétences profondes.

Nous parlons beaucoup d’offres d’emploi à pourvoir, mais pourquoi ne pas envisager de créer votre propre emploi en utilisant des formes alternatives comme la micro-entreprise ou l’auto-entreprise ? L’entrepreneuriat en freelance peut être l’opportunité de développer un éventail de nouvelles compétences et de vous tester dans un autre contexte. De plus, Pôle Emploi et l’URSSAF disposent de nombreuses ressources pédagogiques et financières dont vous pouvez profiter pour être accompagné dans ce changement de statut.

Alors, si les possibilités sont aussi nombreuses, pourquoi n’y a-t-il que si peu de personnes qui osent – et qui parviennent ! – à franchir le pas de la reconversion professionnelle ? Les freins peuvent être multiples : manque de confiance en soi, difficulté de jugement de ses compétences, refus abrupt des entreprises… Comment faire face à ces obstacles et les surmonter ?

Les trois barrières au changement

Le premier frein que l’on rencontre à la reconversion professionnelle, c’est… celui qu’on se met soi-même ! Encore une fois, nous ne le disons pas pour faire de grandes leçons de développement personnel : c’est en fait quelque chose de très rationnel de ne pas savoir évaluer ce que l’on sait vraiment faire. Au quotidien et dans les expériences de ressources humaines et d’entretien d’embauche classiques, nous sommes habitués à nous juger et à nous présenter en parlant surtout de nos expériences passées et de nos compétences déjà acquises. On a du mal à considérer qu’on peut savoir faire autre chose que ce qu’on a déjà fait. Il faut pour cela s’autoriser à se regarder différemment. Il faut accepter que les choses auxquelles on n’avait même pas pensé sont quand même possibles. Bien sûr, il faut aussi être en mesure d’évaluer nos propres besoins de montée en compétence, et d’avoir un regard sur l’urgence ou non de la nécessité de cette reconversion. Mais dans l’absolu, il n’y a pas de compétences absolument surhumaines dont vous ne pourriez pas disposer ! C’est tout l’intérêt de réfléchir en distinguant les compétences profondes, celles liées au contexte et celles liées au comportement, comme nous le verrons plus loin. L’important est d’arriver à concilier nos capacités, nos envies et notre situation actuelle.

La seconde barrière est celle de la perception des entreprises. Il faut savoir parler d’expériences passées sans s’y enfermer, être capable de développer face aux recruteurs pourquoi on est pertinent pour ce poste. On peut bien sûr évaluer notre capacité de travail à nos expériences professionnelles passées, mais cela ne doit pas être le seul axe. Les expériences extra-professionnelles, comme l’engagement associatif ou la pratique sportive par exemple, peuvent aussi être des points très positifs au regard d’un recruteur, car ils laisseront transparaître des capacités humaines qui ne se voient pas en analysant un simple parcours professionnel ! 

La dernière barrière n’est bien sûr pas négligeable, car elle est matérielle. Envisager une reconversion professionnelle nécessite de se poser la question de notre autonomie financière, le temps de la transition, de passer une ou plusieurs formations et de trouver un autre emploi. Mais aucune montagne n’est infranchissable, et de nombreux  dispositifs existent déjà pour accompagner la transition professionnelle, avec notamment le Compte Professionnel de Formation. Pour certaines formations ou certains besoins liés au futur emploi (avoir un permis poids lourd par exemple), un cofinancement peut être envisagé avec Pôle Emploi et votre futur employeur. Enfin, une Validation des Acquis de l’Expérience peut être une bonne alternative à la formation classique. Dans tous les cas, il est recommandé de prendre rendez-vous avec un conseiller Pôle Emploi pour ne pas passer à côté de vos droits et de vos possibilités.

Comprendre et envisager ces barrières psychologiques, c’est déjà un grand pas de fait ! Et pour les surmonter, il faut être capable d’analyser nos compétences et de les défendre face aux recruteurs qui peuvent être sceptiques face aux personnes en reconversion professionnelle…

Je ne suis pas un CV !

“Nous avons trouvé votre profil très intéressant. Malheureusement…” Combien de fois a-t-on lu ces réponses-types de refus d’un candidat, parfois même avant un entretien ? Le curriculum vitae semble être le marqueur universel des compétences de tous les êtres humains, gravant dans le marbre ce que sera notre carrière dès la fin de l’école ! Nous ne devrions pas être cantonnés à un CV. Nous ne devrions pas être réduits à la liste formelle et froide de nos expériences passées, sans prendre en compte nos qualités humaines, nos capacités d’apprentissage, et surtout nos envies ! Pour réussir une reconversion professionnelle, il faut d’abord être capable de reconnaître toutes ces qualités en nous, même si nous n’avons pas eu l’occasion de le faire plus tôt.

  • Il faut tout d’abord prendre en compte nos capacités profondes. Ce sont des aptitudes innées (ou au moins, acquises depuis longtemps) dont nous avons tous conscience. Savoir lire ou se déplacer fait partie de ces capacités profondes.
  • Nous distinguons ensuite les éléments liés aux contextes : à quoi ai-je appris à m’adapter durant mes expériences professionnelles ? Est-ce que je travaille avec un ordinateur ? Est-ce que j’ai les permis ou les agréments pour piloter certaines machines, pour manipuler certains produits ?
  • Enfin, les traits de comportements sont peut-être une notion plus abstraite et plus difficiles à auto-analyser. Attention, il ne faut pas les confondre avec de simples éléments de la personnalité : ce ne sont pas les qualités personnelles qui se travaillent. La timidité n’empêche pas de travailler dans le commerce. Notre conseil : s’intéresser aux codes sociaux de l’univers professionnel qu’on vise. Il peut être utile de prendre contact avec des connaissances étant déjà implantées dans ces milieux pour nous parler un peu des savoir-faire nécessaires et des codes implicites des relations humaines dans son secteur. 

Si après toute cette lecture, vous êtes encore un peu perplexe face à vos désirs de reconversion professionnelle, c’est normal. Il n’y a pas de réponse magique et il doit y avoir un temps de réflexion pour mettre en adéquation vos contraintes, vos envies et vos capacités. Nous avons créé un questionnaire en ligne qui permet de tester ces différentes compétences, et vous aider à découvrir des métiers qui pourraient vous plaire ! 

Chez erhgo, nous pensons que nous n’avons pas à faire l’inventaire des expériences qui nous manquent : nous devons plutôt prendre le temps de réfléchir à nos capacités, nos envies et nos besoins. Nous pouvons avoir l’optimisme de choisir notre carrière ! Militons pour repenser le profil professionnel de chacun plus seulement en fonction de ce qu’il a fait, mais en prenant compte ce qu’il pourra faire !